Les cruisers de tradition ne disparaissent pas. Ils cèdent la place à des machines évoluées, ou chaque détail a longuement été pensé. Dans une marque à tradition telle qu’Harley, l’erreur ne pardonne pas, et la responsabilité est importante. Il faut évoluer, et ne pas trahir l’esprit.
Cette nouvelle génération de Softail a-t-elle réussi ce pari ? Oui et non, il est évident qu’un constructeur tel qu’Harley ne peut s’immobiliser dans une image de tradition pure et dure. Il doit aussi se renouveler. Ainsi la thématique « design et apparence », fait ici preuve de primeur. On se détache de formes longtemps transposées, pour arriver à quelque chose de plus moderne.
Comme beaucoup de constructeurs, les nouveautés sont plutôt cachées. Cadre plus rigide (+65%) et plus léger, suspension avant à double flexion, bras oscillant arrière à nouvelle géométrie, plus tout un ensemble de nouveautés technique, qui permettent un allégement d’environ 15 à 20 kg, tout en améliorant rigidité, amortissement, traction et contrôle.
Au niveau des motorisations, Harley en propose deux : le Milwaukee-Eight 107, de 1 745 cm3, 86 ch et 145 Nm, et le 114, de 1 868 cm3, 106 ch et 166 Nm. Autre différence, les têtes de cylindre du 107, sont lubrifiées par huile, alors que pour le 114, la lubrification est plus classique par liquide.
Tout cela, c’est un peu technique, Qu’avons-nous découvert ? Sur une journée, il est un peu difficile de procéder à un essai complet, nous avons survolé pour vous trois modèles.
Le FXBB Street Bob, pour la suite, on laissera les amas de lettres pour n’en garder que la dénomination courante.
Le Street Bob est à la moto ce que le vélo basique et à la bicyclette, il y a tout, mais simplement. Style épuré, presque discret, il dispose comme le reste de la nouvelle gamme de phares LED, d’améliorations techniques comme la charge électrique augmentée au ralenti, fini les faiblesses de conduite en ville. Les boutons de réglage extérieurs, système de sécurité et démarrage sans clé, également une nouvelle forme de réservoir, plus petit (autonomie !).
Le Street Bob est fidèle à son image. Avec son instrumentation digitale et plutôt discrète, il paraît vraiment nu. Sur la route, le comportement est agréable, il trimbale son visage de garçon des rues. Un peu de chrome pour ne pas perdre l’habitude. Seuil de chargement faible (selle à 68cm), la prise en main est facile. De gros pneus, maniable, et découvert, le Street Bob manifeste son attraction pour les milieux urbains. Sur route, il devient vite un peu fatigant, l’air est un mur partout, sur les bras, le torse, sur les jambes. Il est maniable et fait preuve de vivacité. Une garde au sol un peu faible en limite le plaisir d’une conduite agressive (ça frotte relativement vite). Pour le reste, selle mono = plaisir égo.
Bon d’accord, un pouf passager peut aussi faire l’affaire (option). Mais comme le siège mono n’est pas vraiment confort, confort, j’imagine que le confort du pouf attirera vite des remarques désabusées de la part des passagères au popotin fragile.
Le Fat Boy, un grand classique, ne déroge pas à sa réputation. Position de conduite affirmée, et revancharde du « je suis là, écrase ». Cela marche, allure imposante, pneu avant 160 mm, arrière 240mm, il y a de la gomme sur le sol. Si le Fat Boy correspond bien à son usage liner et « steamroller » expression d’origine Harley, il bénéficie également des nouvelles faces avant HD, phares LED, et amaigrissement général de 16 kg. Il en reste quand même encore toujours 317 en version 107.
Instrumentation digitale sur le réservoir (19l), toutes les informations sur pression au guidon, démarrage sans clé. Pour le reste application en alu et chrome, tout cela fournit au Fat un habit étincelant.
Les motorisations 107 et 114 lui donnent largement de quoi respirer. Respirer est aussi le mot, on en prend plein le nez, le torse et le reste.
Les repose-pied sont larges et confortables, mais vont aussi très vite au contact du goudron. S’il y en a un qui vous dit que cette moto est d’une maniabilité sans reproche, il faudra qu’il aille faire du vélo. Je ne dis pas que le Fat Boy n’est pas agréable, mais il est évident qu’il est aussi adapté aux routes de montagne sinueuses et serrées qu’un caniche comme chien de traîneau. Pour cruiser, faire de longs trajets larges, il sera agréable, mais la manœuvre sur zone serrée ne sera pas sa tasse de thé.
Pour finir, nous avons testé l’Héritage Classic. Disponible en deux motorisations 107 et 114, l’Héritage est aussi la plus traditionnelle de la gamme. D’Old School, l’Héritage s’est un peu assagi. Elle est devenue un plus moderne, presque smart. Si le chrome est encore bien présent, le clinquant a disparu. Un compteur, certes électronique, mais à affichage analogique, nous garde dans l’époque ou moto, était encore moto. Certes, ce n’est pas une sportive, mais elle se laisse conduire comme un vélo. Elle est véloce, agréable et fun dans le maniement. L’équipement de base un pare-brise offrant une protection agréable, les inserts sont devenus noirs et se confondent avec la sellerie (c’est ça le côté smart), et puis une paire de sacoches à ouverture par le dessus bien pratique, et apparemment bien étanches, puisque serti de joints tout autour.
En final, que dire de ces trois versions. Elles nous ont plu les trois, toutes en étant très différentes. Aussi bien, l’apparence que la fonction, ces trois machines répondent à des besoins ou à des envies bien précises. A titre personnel, et vieux motard, je pense que la machine avec laquelle je me suis le mieux senti est incontestablement l’Héritage Classic. Je regrette peut-être l’absence d’un petit sissy, compagnon inévitable pour ma moitié (en option). Mais pour le reste, cette machine m’apporte ce qui me convient le mieux pour de longs trajets sur toutes sortes de route et revêtements.
Bon, ce test n’a été que bref, et probablement il y aurait beaucoup plus à en dire. Je ne me suis pas étendu sur la technique, la consommation, les prix. Je pense qu’un concessionnaire pourra vous renseigner avec efficacité. Pour cela il suffit juste d’y aller, ou de me lire un de ces jours.
Salut
Jean Louis Vidal – ram.tv – autopsy.one – Avril 2018
Commentaires
Publier un nouveau commentaire