Que l'on arrête de nous dire que la route est à l'origine de tous les maux. Si effectivement on peut appliquer une partie de la pollution au trafic automobile lourd ou léger, ce dernier paie aussi le prix fort pour pouvoir en bénéficier. Avec près de 9 milliards de recettes fiscales, à peine 2 milliards sont restitués pleinement au domaine routier. Dans le paquet des plus ou moins 5 milliards, attribués à la caisse commune de l'État, une grande partie est engloutie pour le fonctionnement d'un grand nombre de secteurs, qui n'ont rien à voir ni avec le trafic, ni avec la circulation et ni avec le transport.
Si a priori, on est tenté d'accepter, qu’un produit dont le prix n'a pas changé depuis près de 30 ans puisse augmenter, ce qui est moralement défendable, cela devient carrément grotesque, lorsqu'on sait que le secteur automobile général reverse environ 2 milliards au profit du rail.
Lorsque l'État fait pression sur les transports et la route afin qu'il soient plus performants. Ils survolent allègrement les gouffres financiers, la pollution et la qualité de service proposée par le rail.
Plus loin, des technocrates conseillent des solutions à l’encontre de toute logique pour régler des problèmes chroniques de circulation. Exemple : fermer le tunnel du Gotthard et le rénover pendant 5 ans, en l’ouvrant le jour et en le fermant la nuit. On sait que cet axe souffre déjà maintenant de saturation chronique, alors qu’il est opérationnel 24/24, et également qu’un deuxième tube sera nécessaire. Eh bien, on va nous jouer la même mélodie qu’avec le Lötschberg et le Gotthard. Si on avait accepté de faire deux tubes sous le Lötschberg, on ne pouvait « financer » (en partie avec les recettes routières) le Gotthard. Donc on trompe le peuple, on construit les deux ouvrages, en sachant d’emblée que cela ne sera pas suffisant.
Maintenant on veut procéder de la même façon avec le tunnel routier du Gotthard. On veut « tuer » la circulation pendant 5 ans en accumulant tous les problèmes et nuisances, et au bout, on admettra en s’excusant platement, qu’en fait on aurait dû faire le deuxième tube. Explosion de coûts !!!!!, mais ce n’est pas grava, la route ça paye !!!
Si l’on appliquait le principe de pollueur payeur, on devrait demander au rail d’assumer tout seul les coûte et le mauvais service généré. Il est facile d’être arrogant avec les revenus des autres.
En tous les cas, moralement à l’heure actuelle, une augmentation de la vignette n’est pas acceptable. La pire des démagogies consiste à dire : rendez-vous compte à l’étranger, avec 40 francs vous ne faites pas trois cent kilomètres. Pourquoi pas dans ce cas dire : en Allemagne beaucoup de tronçons d’autoroute ne sont pas à vitesse limitée, et pourtant il n’y a pas plus d’accidents que chez nous. (curieux….non !), donc pourquoi ne pas faire la même chose en Suisse ?
Jean Louis Vidal janvier 2012
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