Lorsqu'on passe délibérément les circonstances sous silence...
«Les émissions de gaz à effet de serre des moyens de transport ont augmenté entre 1990 et 2009 de 1,8 million de tonnes ou de 12%» -cette phrase en apparence anodine a figuré récemment dans un communiqué de presse de l'Office fédéral de l'environnement (18 avril 2011, www.bafu.admin.ch). Elle était censée conforter l'annonce qu'en Suisse, le recul des émissions de gaz à effet de serre de 1,5 million de tonnes en 2009 était insuffisant par rapport à l'année précédente, car il se situait toujours 0,6 million de tonnes en dessous de l'objectif de Kyoto de 48,6 millions de tonnes.
Nous pensons que ce communiqué sème la confusion dans les esprits, car des choses (protocole de Kyoto, comparaison globale 2008/2009, comparaisons de secteurs depuis 1990) qui n'ont rien à voir ensemble sont comparées.
En y regardant de plus près, nous constatons surtout que ce communiqué de presse est très problématique. La problématique de la citation d'une «augmentation de 12 pour cent» réside dans le fait que l'on passe les circonstances sous silence. Ne s'agit-il que d'une astuce ou se peut-il que nos autorités veuillent délibérément pratiquer du «Auto-Bashing»?
«A l'heure actuelle, le trafic est responsable d'un tiers de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre», peut-on y lire. On ajoute un graphique illustrant l'évolution dans les différents secteurs comme l'industrie, les prestations de services, les ménages et le trafic. Entre 1990 et 2009, on a pu réduire les émissions de CO2 dans le secteur des ménages de 10%, celles de l'industrie et des prestations de service de 9% et celles de l'agriculture de 7%. Avec une augmentation de 12% non commentée, la branche automobile fait naturellement office de bouc émissaire. En considérant la part aux émissions de CO2 du secteur des transport, on constate qu'elle n'a augmenté que de
4% - de 28 (1990) à 32% (2009).
Les motifs qui sont à l'origine de cette augmentation ne sont pas mentionnés. Par souci de transparence, nous allons énumérer ici ce qui s'est passé dans le secteur du trafic routier motorisé entre 1990 et 2009:
En comparant ces faits avec l'augmentation de la part de CO2 de 4% dans le secteur des transports, on est tenté de la trouver négligeable. Notre but n'est toutefois pas de minimiser ici quoi que ce soit, mais il s'agit simplement de montrer les relations correctes.
Un autre point nous consterne dans ces attributions de fautes par les autorités. Pour déterminer les consommations de carburant et de combustibles, l'OFEV se sert de deux poids et de deux mesures. L'impact des hivers plus ou moins froids sur la consommation de combustible étant très grand, on procède à ce qu'on appelle une «correction climatique». Les fluctuations de la consommation de combustible que les besoins de chauffage plus ou moins grands entraînent sont compensées de la sorte. Or on constate que pour la consommation de carburant, qui est tout autant que la consommation de combustibles influencée par les fluctuations climatiques, entendez par là des périodes de froid plus ou moins longues, on ne procède pas à une telle «correction climatique».
Au cours des années passées, les constructeurs d'automobiles ont fait d'immenses progrès en matière d'efficacité énergétique, de moteurs propres et de sécurité des véhicules. Nous rappelons que la consommation moyenne de la flotte de voitures neuves actuelle en Suisse se situe à 6,7 litres/100 km alors qu'il y a 20 ans, elle était encore supérieure à 9 litres, et il y a 10 ans, de 8,4 litres/100 km - cela bien que des masses nettement plus grandes doivent être propulsées, les voitures étant devenues plus lourdes pour des raisons de sécurité. Le recul des émissions polluantes est encore plus spectaculaire que la baisse constante de la consommation de carburant. Alors que par le passé, on mesurait encore les substances polluantes en grammes, elles sont de nos jours de l'ordre de microgrammes, et certains composants ont baissé à un tel point qu'on ne peut plus guère les détecter avec les techniques de mesure actuelles.
Les progrès écologiques réalisés par l'industrie automobile au cours des années passées sont spectaculaires. Elle peut s'en enorgueillir à juste titre et peut et doit les signaler constamment.
Si les Verts et la gauche désignent malgré tout constamment le véhicule à moteur privé comme un bouc émissaire polluant, cela témoigne de leur idéologie et d'un manque de connaissances flagrant. Mais de la part d'un office fédéral, on ne saurait tolérer de tels entourloupettes politiques.
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